CETTE PATHOLOGIE DU LIEN
La dépendance affective est la cause de bon nombre d’échecs amoureux. Pour pouvoir se libérer de cette dépendance affective, il faut commencer par prendre conscience de ce qu’elle est. Qu’est donc la dépendance affective ? C’est une addiction pathologique excessive envers son/sa partenaire.
Voici une métaphore pour vous aider à mieux comprendre cette définition : imaginez-vous que vous cherchiez à cuisiner, vous prenez votre livre de recettes et vous tombez sur un plat, il s’appelle « dépendance affective« , on vous dit que comme ingrédients il vous faudra du sacrifice, de la souffrance, un geste de « manque de confiance en soi » et une cuillère à soupe de cette huile intitulée « peur de l’abandon ». Mélangez le tout et enfournez à 180°. Vous obtiendrez un parfait déséquilibre émotionnel, personnel et affectif. Bon appétit !
Eh oui, c’est une sacrée recette et elle pèse lourd quotidiennement, pour se sentir plus apaisé après ce repas, il faut chercher l’indépendance psychologique, c’est un remède miracle contre les lourdeurs d’estomacs causées par ce plat.
Mais qu’est donc l’indépendance psychologique ? C’est apprendre à s’aimer, à se respecter, à se faire du bien, à affirmer sa personnalité, à écouter et exprimer ses besoins et pour obtenir cela il faut pouvoir comprendre son passé, le digérer et se défaire de tout ce qui nous pèse et nous empêche de vivre heureux. Vous vous demandez sûrement pourquoi le passé ? Selon Virginie Megglé qui est psychanalyste, la dépendance affective se trouve dans notre toute petite enfance, pour elle le nouveau-né est un être dépendant, non autonome et dans bien des cas, cette dépendance provient d’un abandon vécu à ce premier stade de notre vie. Il peut s’agir d’un abandon émotionnel et non pas seulement physique, comme un parent dépressif, ou absent. L’amour de soi est un droit de naissance bafoué par un manque de sécurité profond souvent caché dans son inconscient.
Pour vous mettre en situation voici un témoignage provenant de MichèleFreudFormations : « Le père d’Annie est décédé lorsqu’elle avait 10 ans, sa mère anxieuse et déprimée demandait à sa fille d’être une mère pour deux, Annie devient forte, voire obèse, manquant totalement d’assurance. Elle se gavait de sucre pour tenter de renforcer sa résistance. A 40 ans elle entame une thérapie afin de perdre du poids et prend conscience que son souhait le plus cher serait de se libérer de sa mère ». Annie est un enfant béquille pour le parent, et elle pourrait être le genre de femme qui par son manque de confiance en elle se met à s’abandonner à l’autre dans sa relation de couple jusqu’à ne vivre qu’à travers l’autre tout en ignorant son besoin réel.
Imaginez-vous en couple et dépendant(e), vous aimerez trop parce que vous aimerez mal : à la source de ce noyau d’amour envers l’autre, vous ne vous aimerez pas, vous n’aurez pas la même quantité de respect et de considération pour vous-même que celle que vous accorderez à votre moitié. Dans ce genre de relation, cela devient très vite étouffant pour votre partenaire. En effet, une dépendance affective se caractérise par un manque puissant que vous cherchez à combler par l’attention permanente de votre partenaire.
Voici ici certaines questions qui peuvent aider à vous aiguiller sur votre niveau de dépendance :
– Vous avez du mal à exprimer votre désaccord ? (L’angoisse de vous imposer et de vous faire abandonner prend le dessus ?)
– Vous mettez votre partenaire sur un piédestal ? Vous êtes bouleversé(e) quand votre partenaire ne vous apporte pas tout l’amour que vous attendiez ?
– Vous craignez très souvent qu’elle·il vous quitte pour quelqu’un d’autre ?
– Votre vie est-elle dénuée d’intérêt sans elle·il ?
– Et enfin êtes-vous stressé(e) lorsque vous n’avez pas de nouvelles rapidement ?
Si vous deviez savoir quelque chose en tant que personne dépendante, vous devriez savoir que la dépendance prend les devants quand l’envie devient besoin et qu’il faut être honnête avec vous-même et prendre votre courage pour vous sortir de là. Arrêtez d’utiliser l’autre comme une drogue apaisante et rassurante. Celui qui règlera vos problèmes passés. Il n’est plus votre être cher mais votre oxygène dont vous avez besoin pour vivre. Vous comblez vos insécurités par le biais d’une occupation excessive de l’autre.
Sachez aussi qu’un amour exigeant et possessif n’en est pas un, tant qu’il vampirise et qu’il est destructeur. Vous idéalisez l’autre et vous ne l’aimez pas tel qu’il est vraiment, il n’est que votre outil, un dealer d’amour dont vous avez besoin pour apaiser votre détresse et votre désamour de soi. Il n’y a possibilité d’aucun attachement durable avec cette pathologie du lien. Tant que votre bonheur ne proviendra que de l’extérieur et non de vous-même, de l’intérieur, aucune relation ne survivra. Prenez une grande respiration et relâchez prise, cessez de vivre par la terreur de ne pas être aimé en retour, cessez de vous étouffer pour obtenir un regard positif sur vous. En prendre conscience c’est déjà en sortir.
Enfin, voici quelques petits conseils qui pourraient vous aider à devenir votre propre héros. Premièrement, il est conseillé d’aller voir un·e psy, puisque dans ce cas c’est sûrement la personne la plus apte à vous aider. Néanmoins, cela peut parfois être coûteux, notre spécialiste en dépendance affective, Geneviève Krebs, nous propose des façons moins chères d’apprendre à s’aimer. Elle dit qu’il faut « aller aux racines du mal ». Pour faire cela, elle propose de prendre une feuille de papier pour ensuite la scinder en deux. Il faut écrire d’un côté ce que vous aimez, enviez, admirez chez votre maman et en dessous, ce que vous détestez, rejetez. Et puis, il faudra faire la même chose avec votre père. Ce qui est important ici, c’est de lire à haute voix vos réponses, dans le but de faire la différence entre les attributs réels et les croyances construites. Nous avons tous une perception des événements et des personnes qui ne correspond pas forcément à la réalité et qui déclenche des traumatismes et des blocages. Cet exercice permet de mettre de l’ordre dans nos héritages.
Ensuite, il faudra trouver l’élément déclencheur, en effet Krebs est convaincue qu’il y a probablement un souvenir particulièrement choquant qui peut être la cause de ce désamour de soi. Après quoi, il faudra identifier les schémas de répétitions : « Suite au choc initial, le dépendant affectif a développé des schémas répétitifs qui le confortent dans cet échec premier » énonce Geneviève Krebs. Chercher à les déjouer.
N’oubliez pas ce qu’Albert Einstein dit : « La folie c’est de faire toujours la même erreur, en espérant un résultat différent« .
L’étape suivante, consiste au rétablissement de ses valeurs : ce qui correspond au grand tremplin de la guérison et qu’il faudra aussi mettre par écrit sur le papier. D’un côté vous « décrivez votre valeur, c’est-à-dire vos atouts et la beauté humaine en vous ». De l’autre vous, « consignez vos valeurs, c’est-à-dire les critères importants qui positionnent vos décisions et choix » que vous lirez également à voix haute, n’oubliez pas. L’avant-dernière étape est d’être patient et tolérant avec son « enfant intérieur », Geneviève Krebs ne cesse de le répéter : se débarrasser de ses mauvais démons est un travail de très longue haleine. Il faut beaucoup d’honnêteté, de patience et de ténacité !
Enfin voici la dernière étape qui est… roulement de tambours : faire preuve de fermeté et fixation de ses limites. Osez l’audace, osez être heureux, sortez de votre zone de confort et pratiquez par exemple une nuit en solitaire quelque part ailleurs ! Dans une autre ville ! Réalisez vos projets mis de côté, fêtez vos petites victoires ! Et si vous sentez que vous perdez cette joie de vivre, reconnectez-vous à vos désirs les plus profonds et analysez avec calme ce qui vient troubler cette joie.
S. Virginie
Bibliographie :
https://www.letemps.ch/societe/finir-dependance-affective-mode-demploi
https://www.michelefreud.com/chronique-la-dependance-une-problematique-du-lien-120.html
https://maisonlepervier.com/nouvelles/quest-ce-que-la-dependance-affective
Livres de référence :
Robin Wood : ces femmes qui aiment trop
Dépendance affective par Eva Arkady
Vaincre la dépendance affective par Sylvie Tenenbaum